Une joie mêlée d'inquiétude
Abstract: 

“Les pacifistes israéliens qui s’expriment dans ce petit sondage improvisé ne font pas partie de la « gauche » israélienne officielle, celle avec laquelle l’OLP a négocié les accords d’Oslo puis ceux du Caire. Venus d’horizons politiques divers, le Parti communiste des années 50, le « Matzpen » des années 60, ou « La liste progressiste pour la paix » des années 80, ils n’avaient pas attendu le temps de la diplomatie pour exprimer de toutes les manières leur désir de paix et leur soutien au peuple palestinien. A la veille du retrait israélien de Gaza et de Jéricho, la <i>Revue d’études palestiniennes</i> a voulu donner la parole à certains de ces amis de longue date, ceux qui ont défendu (et défendent encore) les Palestiniens devant les tribunaux militaires israéliens, ceux qui pendant tant d’années ont écrit et crié dans le désert de la bonne conscience israélienne, ceux qui ont alerté l’opinion internationale devant les horreurs de l’occupation et de l’oppression. Plutôt que de leur demander d’écrire un article ou de se prêter à des entretiens organisés, nous avons préféré recueillir leurs sentiments à vif, au détour d’une conversation téléphonique ou d’un moment partagé à la terrasse d’un café. Des paroles ou s’entremêlent les mots joie, inquiétude, déception et espoir. Pour la plupart d’entre eux, mais pas pour tous, l’accord « Gaza-Jéricho d’abord » représente un pas positif tout en constituant une amère antithèse des aspirations fraternelles et égalitaire qui ont motivé leur combat. L’exemple de l’Afrique du Sud et des événements heureux qui s’y déroulaient au moment même où nous leur demandions de réagir aux accords du Caire planait sur la conversation, et beaucoup s’y réfèrent avec une pointe d’envie. Entre la « mesquinerie » qu’ils déplorent dans l’accord « Gaza-Jéricho » et l’exemplaire leçon de démocratie donnée par le peuple et les dirigeants de l’Afrique du Sud, le chemin leur paraît encore long, mais la plupart d’entre eux n’abandonneront pas le combat.<br>Bien entendu, le choix des personnes qui s’expriment ci-dessous relève largement de l’arbitraire. Pour des raisons purement matérielles et techniques, beaucoup d’autres Israéliens, et de sensibilités politiques différentes, n’y figurent pas alors qu’ils auraient pu y trouver leur place. Par ailleurs, l’écrivain David Grossman et l’historien Tom Seguev ne sont pas à proprement parler des militants pacifistes, mais nous avons cependant tenu à les interroger, du fait de la profonde lucidité et de la grande honnêteté intellectuelle qui caractérisent leurs travaux.”