La littérature palestinienne après 1948
نبذة مختصرة: 

“Le développement de la littérature en général dépend de nombreux facteurs qui se conjuguent pour influencer le changement. Les opinions diffèrent cependant au sujet de l’importance accordée à ces diverses influences : déterminisme social, aspects psychologiques de la personnalité de l’auteur, dynamisme intrinsèque qui favorise ou entrave le changement. Les facteurs politiques, eux, ont souvent tendance à interférer dans le processus artistique et à le détourner de son cours naturel en faveur d’un certain engagement ou d’une idéologie.
C’est notamment le cas de la littérature palestinienne et particulièrement de la poésie, qui est la forme artistique arabe la plus enracinée. Il existe cependant une différence notable entre la façon dont l’écrivain palestinien a réagi face aux facteurs extérieurs et celle dont n’importe quel écrivain du monde arabe les auraient traités. Bien que la littérature palestinienne fasse partie intégrante de la littérature arabe moderne et ait participé à toutes les expérimentations révolutionnaires entreprises par celle-ci pendant ce siècle et particulièrement depuis les années cinquante, elle a montré des différences marquées dans certains domaines. Alors que l’on peut dire que toute la littérature arabe participe aujourd’hui de la lutte sociale et politique du peuple, la politique impose une contrainte beaucoup plus grande à l’écrivain palestinien. Elle détermine habituellement le lieu, la façon dont il vit et sa lutte personnelle, plus importance que celle que les autres écrivains arabes – bien qu’eux-mêmes soient également souvent des dissidents. Les écrivains palestiniens doivent passer leur vie en exil, ou, s’ils sont restés dans leur pays d’origine, sont destinés à être des citoyens de seconde classe en Israël ou à n’avoir aucune nationalité en Cisjordanie ou à Gaza.
Pour un écrivain palestinien, envisager une orientation totalement éloignée de la vie politique, correspondrait à dissimuler la réalité et à nier la situation actuelle. D’ailleurs, la plus grande lutte et la plus grande réussite des écrivains palestiniens réside dans leur refus de devenir des victimes serviles. Tout en ne cessant jamais d’être conscients de la situation difficile vécue par leur peuple, les écrivains palestiniens font preuve d’une détermination qui transcende la tragédie et surmonte les facteurs immanents. C’est ce qui a donné sa couleur à leur littérature, déterminé son ton et ses intentions, ce qui les a placés à la pointe des lettres arabes contemporaines.
Lorsque nous parlons de la littérature palestinienne « contemporaine » nous nous trouvons immédiatement face à deux sortes de littératures, celle des écrivains qui vivent encore sur le sol de la terre historique de la Palestine et celles des écrivains de la diaspora. Celle écrite en Israël et en Cisjordanie et la bande de Gaza est pleine d’énergie et très novatrice. Cependant la balance penche toujours en faveur de la « littérature exilée », qu’elle soit en vers ou en prose, même si les expérimentations faites dans le roman palestinien rétablissent quelque peu l’équilibre.”